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2. Au-dessus des Lois


AU-DESSUS DES LOIS

Ma mère pleure dans la pièce d'à-côté, et je n'ai plus beaucoup de temps. Je suis recherché par la police. Alors oui je suis hors-la-loi. Mais de quelle loi...

Dès le plus jeune âge, mes écarts de conduite conduisaient mes parents à me réprimander parfois. Je ne comprenais pas. Il me semblait injuste d'avoir mes actes dictés par autre chose que ma raison. Evidemment, cette notion m'était plus floue à l'époque.

Puis, lorsqu'on me crut assez mûr pour comprendre, on me parla de la loi et des règlements. La nuit suivante, je ne dormis pas. Je tentai de comprendre cette chose, créée par les hommes, qui nous nommait le Bien, le Mal, et le reste, sans nous laisser la liberté de découvrir cela par nous-même.

Dès lors, je fus curieux d'en savoir plus sur les lois humaines, et je m'acharnai à chercher ses limites. Je ne les trouvai pas immédiatement.

De même, le système scolaire me rebuta. Chaque matin, je me débattais à cors et à cris afin d'éviter de me retrouver dans ce lieu clos qui conditionnait ma pensée et m'enseignait des valeurs qui n'étaient pas miennes.

Et je grandis. L'adolescence, comme on s'en doute, ne calma pas mes ardeurs. Bien au contraire, elle les attisa d'un feu inextinguible. Cette Société tout entière me dégoûtait. A chaque fois que je posais mes yeux quelque part, je ne voyais que des moutons, des moutons bêler, des moutons se disputer pour quelque somme d'argent... Et il arrivait même que des moutons soient conscients de leur condition. Et lorsqu'ils se sentaient pris d'indignation ou de révolte, telle une mauvaise maladie, ils cherchaient à s'en débarrasser au plus vite en regardant quelque programme télévisé à pensée unique. Et ils se sentaient à nouveau bien, pensant ce qu'on leur demandait de penser, faisant ce qu'on les incitait à faire. Le totalitarisme n'est jamais aussi loin qu'on le croit.

Alors j'ai cherché à fuir au pays de la Liberté. Lequel ? Je ne sais pas, je ne l'ai toujours pas trouvé. Mais dans chaque gare où j'allais, dans chaque aéroport et à chaque frontière, le Système me rattrapait. Impossible de partir, j'étais né mouton, je me devais de le rester. J'avais trouvé les limites du Système : c'était qu'on ne pouvait pas le fuir.

Alors j'ai été pris de panique. Quelqu'un contacta un docteur, et on m'interna dans un hôpital psychiatrique. On me disait fou. Fou selon quels critères ? Selon ceux du Système, bien sûr...

Alors je me suis enfui. Et j'ai tué. Liberté chérie, tes jours sont comptés. Mais toi et moi, nous ne nous laisserons plus prendre. Adieu, donc. Et n'oublie pas : "The Law is watching you."

Ecrit par Grezel, le Mercredi 27 Novembre 2002, 18:35 dans la rubrique "Textes".
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Commentaires:


Ecrit par sarah-k le Mercredi 27 Novembre 2002, 23:07

J'aime beaucoup ce texte.

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