Humeur : atterré Musique de fond : Faithless - Insomnia Livre en cours : Jacques le fataliste de Denis Diderot Site du jour : NainWak's World
Et cette main, la mienne, et ce petit poignet osseux, d'enfant, qui joue avec le chéquier que je tiens, et sur lequel est imprimé mon nom. Adieu enfance, j'ai une carte bleue, un téléphone portable, et des formulaires à remplir. Et une signature à inventer, à tracer, qui sera ma marque écrite, mon signe de passage, au fil des années. Dire que peut-être, dans vingt ans, mes enfants, si j'en ai, tels des garnements mal éduqués, tenteront de l'imiter, cette même signature, afin d'authentifier leurs mots d'absence, leur école buissonnière car ils jugent la matière ennuyeuse, et car Papa a parfois fait pareil en son temps - lui n'a jamais eu besoin d'être faussaire. Mais j'ai pensé à eux, à ces enfants : ma signature n'est pas compliquée à reproduire. Et cette route que je prends, en voiture, autrefois à l'arrière du véhicule, désormais devant, au volant. Sans oublier les rétroviseurs. Si j'ai un accident de voiture, je serai désormais responsable. Responsable ? Quel est ce mot qui m'effraie ? Oui, avoir des responsabilités. Le fait que chacun de mes actes entraînera désormais des conséquences. Qui a dit "fâcheuses" ? Et ce ton que mes parents ont perdu lorsqu'ils s'adressent à moi. Un ton paternel, peut-être, condescendant, qui voyait en toute chose matière à m'expliquer. Désormais, ce ne sont plus eux qui expliquent. Ou si peu. Et surtout, surtout, mes camarades, mes amis que j'ai vus grandir, et qui ne m'ont pas attendu pour pousser, pour me dépasser, et pour mûrir, sentimentalement. Ils mènent chacun leur vie, en présence de petites amies honoraires, avec qui ils restent un peu plus longtemps, chaque fois, jusqu'à dépasser des semaines, des années de liaisons, et pour faire de leurs amourettes adolescentes des relations adultes, stables, posées. Durables. Et moi, perdu, suffisamment pour ne pas savoir quoi faire, mais pas assez pour ne pas m'en rendre compte. Je suis Docteur Intello et Mister Ado. Je suis un cerveau d'adulte perdu dans des préoccupations de gamin. Un corps mûr, qui a pour seul défaut de ne pas pouvoir être utilisé. Comme un chômage technique, dès embauche. Voilà, j'ai vieilli. Je n'ai pas grandi. La différence est majeure. Il me semble que toute ma vie est basée sur des théories. Théories fondées sur le portrait que l'on donne de l'adolescent-type dans l'imaginaire collectif. Cet adolescent-type, appelons-le Hector. Voilà, Hector n'existe pas. Moi, si. Il faudrait être sourd pour ne pas me voir.
Grandir
Ecrit par laurent51 le Dimanche 13 Juillet 2003, 19:19
Tu as grandi....Encore une étape. Et chaque étape est faite de petits gains mais aussi de petites pertes de ce qu'on ne sera jamais plus.
Hector n'existe pas. Ce n'était qu'un ado moyen, moyenne de tous les défauts, qualités, et comportements des ados types. Et une moyenne, que c'est fade, ennuyeux, insipide...
Tu es toi. Avec tes défauts, tes qualités, les choses dont tu es fier et celle dont tu n'es pas. Mais tu es Toi.
C'est ta première victoire sur la vie, non ?