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Au pays des artifices


Humeur : errant
Musique de fond : Noir Désir - L'homme pressé
Livre en cours : Chroniques martiennes de Ray Bradbury
Site du jour : Mes petits cailloux de vie

Cette musique, montée au volume maximum, qui passe en boucle et agresse, n'en finit pas de blesser, de frustrer. Cette musique qui couvre les discussions, comme pour mieux masquer une honte, la honte de cette misère qui s'étale. Et ces gens qui dansent, qui boivent. Qui boivent, surtout. Pour oublier, peut-être. Ce garçon que je connais, qui est dans ma classe, que je n'ai jamais vu comme cela. Il s'appuie, et déambule de mur en mur. Cet alcool, ces fêtes qui font illusion le temps d'une soirée, mais qu'en reste-t-il le lendemain ? Ce qu'on appelle la gueule de bois, c'est le retour à la réalité, l'atterrissage. Les migraines ne sont pas physiques. Elles sont morales. Parce que l'instant d'une soirée, de quelques verres, on a pu croire à autre chose. Il pleure. La soirée est terminée. Il est là. Il ressasse de vieux souvenirs. Ses propos ne sont pas très clairs, mais l'oreille attentive et informée pourra discerner quelques regrets, sur une fille qui ne le veut pas. C'est un lendemain de fête, comme tous les autres, à laquelle s'est mêlé l'effet de l'alcool et de l'enivrement de certains flirts. Mais la retombée est rude. Elle replonge dans le quotidien, le banal. Le reste, à côté, semble sans importance.

Comment a-t-elle commencé, cette soirée ? Comme toutes les autres. Le même rituel se répète, chaque fois. Les nouveautés sont rares. Seuls les lieux, les personnages changent. La musique et l'alcool, très peu. La préparation est méthodique, rien ne doit être laissé au hasard, chaque élément pourrait se révéler décisif, à sa manière. Coiffure, vêtements. Bienvenue dans le royaume des apparences. Quand on ne peut plus jouer sur sa personnalité, il ne reste plus qu'à tirer parti de son physique. Visualiser la soirée dans sa tête. Éventuellement déterminer les conséquences de chacun de ses actes potentiels. Et prendre en considération que finalement, rien ne se passera comme prévu. Voilà, c'est prêt. Vous avez tous les éléments pour pouvoir vous rendre à une fête.

Prendre vingt personnes, dix proches, provenant de la même classe, et dix autres connues de manières diverses. Ce mélange fut important, dans un sens. En début de soirée, il permet de ne pas se retrouver seul, et d'avoir des connaissances déjà acquises pour profiter tout de même de la fête. Le fait est qu'avec le temps, les groupes tendront à se mélanger, s'ils ne sont pas trop réservés, et s'ils éprouvent une motivation à aller vers les autres. Ce genre de soirée donne parfois lieu à des rencontres qui ne pourraient se faire autrement qu'ici même, à ce moment. Alors, autant en profiter.

Premiers contacts. Les avances se font timides. Chaque groupe tend à trouver un endroit pour se réunir, et les interactions se font rares. Les premières chansons sont là pour détendre, pour rajouter une atmosphère qui, si elle n'y était pas, conserverait une sorte de climat de gêne, de malaise. Les premières personnes rentrent sur une piste de danse improvisée. Une manière de faire parler les gestes, d'observer, de loin, les autres. Sans jugement. Les boissons sorties, quelques verres sont remplis, et bus, forcément. L'alcool… Je ne sais pas quelle est la principale vertu de ce stupéfiant, quelle est la raison pour laquelle il est tant prisé dans ce genre de soirée. Le goût ? Probablement pas. Ou peut-être que cela joue un rôle. Mais ce serait plutôt cette aide à la détente, cette faculté de réduire la vision, aussi bien physiquement que mentalement. L'alcool permet de ne plus voir autour, elle coupe le monde et le réduit au présent, à l'instant. Le reste n'a plus d'importance. Les soucis extérieurs sont oubliés, les conséquences de nos actes aussi. Mais c'est traître. Une nouvelle drogue. Car la chute est lourde, et l'abus n'épargne pas. Pour preuve, ce garçon, presque redevenu enfant, dans ses larmes et ses paroles. Il se souvient, autant qu'il peut le faire.

La soirée avait commencé, lentement. Finalement, l'ambiance se réchauffant, les barrières furent franchies, détruites. Plus de proches, plus d'inconnus, tous égaux. Le petit périmètre qui sert de piste de danse n'en finit pas de se remplir. Les corps se frôlent, certaines intentions se font claires, de suite. Dans le jeu de la séduction, il n'y a pas de tricheurs, juste des gagnants, et des perdants, parfois. Comme mon camarade de classe, qui resta comme collé à une fille qu'il ne connaissait pas et qui ne finissait pas de venir le voir, le taquiner, le faire espérer. Une demande en règle finit par tout régler. Il prit son courage à deux mains, et fonça. Elle se refusa à sa demande. Son petit ami était à la soirée, elle ne pouvait pas se permettre d'aller voir ailleurs. Le reste de la soirée, pour mon ami, se fit dans le canapé, moitié endormi, moitié vexé. Quand l'alcool ne rend plus joyeux, il produit l'effet inverse.

Et les danseurs restent sur la piste, toujours. Mais les gestes sont moins nerveux, dynamiques, et se font plus las. On reconnaît ce qui ont trop bu grâce à leurs comportements plus enjoués et à leurs yeux vitreux. Ils n'expriment plus rien. Canapés, chaises, sofas commencent à se remplir à mesure que la fatigue se fait sentir. Je suis là, sur ce canapé. À demi-mots, j'essaye de consoler le soupirant déchu, qui est désormais là à dire à qui veut l'entendre qu'il s'en moque, qu'il se moque de tout, et de tout le monde. Une fille que je ne connaissais pas jusqu'à ce soir vient nous rejoindre, et se met à ma gauche. Au début, tenue par des limites, elle reste ainsi. Mais, pour venir ainsi, d'elle-même, nous voir sans savoir à l'avance ce qu'elle nous dira, je lui trouve alors une certaine assurance que je n'ai pas, moi. Puis elle se met plus à l'aise, met son genou sur le mien. D'une nature prudente, je préfère ne pas me leurrer, mais je commence à lire dans ses intentions. Ses paroles, ses gestes viennent confirmer mes pensées. Puis une certaine urgence me prend. Que faire ?  Je regarde le plafond blanc un instant, comme si la réponse me viendrait du Ciel. Si le manuel du séducteur existait, que dirait-il ? Que le jeu des regards est important. Il est crucial de regarder la personne dans les yeux. Il est alors plus facile de deviner les intentions de l'autre. Ne pas fuir cette étape, où les regards se croisent. Les gestes, de même, sont souvent plus efficaces et faciles pour suggérer, que les paroles.

Je prends tout cela en considération. Une petite pression sur les genoux, quelques paroles ambiguës suffisent à exprimer ce qui pourrait être fait en moins de temps, mais aussi en moins de délicatesse. Elle prend de plus en plus ses aises. J'ai désormais mon bras autour de ses épaules, et la discussion continue. Puis, la phrase qui vient tout rompre : " Je pars dans cinq minutes. "
.....
Dans un certain sens, je me sens alors rassuré. Plus de responsabilités à prendre, j'ai désormais un bon prétexte pour ne pas agir, comme toujours. Et elle part. Je parviens, comme dans un dernier souffle, à lui demander son numéro de téléphone, puis plus rien. Cela pourra toujours servir. Les invités s'en vont, au fur et à mesure. Je vois l'état de l'appartement de notre hôte, mais il dit qu'il rangera tout le lendemain. Mais justement, le lendemain est déjà bien entamé. Il est quatre heures du matin, et certains de ses amis proches restent dormir chez lui. Certains s'endorment sur place, qui sur un lit, qui sur un matelas, qui sur une chaise. Moi, je ne dors pas. J'allume son ordinateur, et j'écris. Un peu. Ce texte. Mais mon ami, qui n'en finit pas de pleurer, vient m'interrompre :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Oh, je parle de nous.
Il ne semble même pas relever la réponse et repart de là où il était venu. Dans quelques heures, il aura tout oublié. Moi aussi.

Ecrit par Grezel, le Vendredi 2 Mai 2003, 13:17 dans la rubrique "Humeur".
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Commentaires:

laurent51
Ecrit par laurent51 le Vendredi 2 Mai 2003, 14:05

Les lendemains de fêtes sont parfois difficiles, oui.
Tu as bien retranscris ce climat, doux-amèr, de ces fêtes.
J'espère que toi, t'en es mieux remis que ton ami. Et qu'il y aura bien un abonné au numéro que tu vas demander...

Ps : Noir Désir, tres fort, tres dur, tres triste. Constat amer. J'écoute Mickey 3D aujourd'hui. Si tu ne connais pas, fonces. Tu t'en prends plein la tête mais c'est qqfois salutaire...!

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