Humeur : serein Musique de fond : David Gray - This Year's Love Livre en cours : Chroniques martiennes de Ray Bradbury Site du jour : Mega Tokyo
Les enfants jouent dans la cour, près de mon appartement, tandis que j'écris, assis à mon bureau, deux étages au-dessus d'eux. Le Soleil vient taper les vitres de ma chambre, qui reflètent la lumière et m'aveuglent le temps que je referme les rideaux. La chaleur commence à s'immiscer, lentement, dans l'atmosphère et dans les coeurs, ces coeurs qui se font plus légers, à mesure que l'année scolaire file vers son terme.
- Alerte rouge ! Alerte rouge !
Les enfants continuent de jouer dans la cour, incarnant à tour de rôle des personnages sortis tout droit de leurs imaginations. J'hésite à sortir pour leur demander si je dois évacuer l'immeuble maintenant. Mon esprit vague vaque à mille lieux de là, vers des terres lointaines. Enfin, enfin, le temps de respirer. La vie n'attend pas, aussi les pauses se font rares.
Mais il est là, bientôt, l'Été, qui inonde de joie ceux qui pensent déjà à leurs sorties prochaines, à la plage, peut-être, le temps de rêver d'autre chose, de se sortir de la monotonie ambiante. Il fera bientôt trop chaud pour travailler. C'est le signal qu'il manquait, le signal qu'enfin, un repos mérité pourra bientôt être pris. Et ce mois de Mai en dents de scie, avec ses jours fériés, ses grèves. En attendant autre chose, le lycée se fait lieu de convivialités. Sur la pelouse, dans l'enceinte de l'établissement, des élèves songent déjà à apporter leurs parasols. Bientôt, la morale, les séquelles du respect presque craintif de ces murs ne seront plus qu'un souvenir, et les jeux de balle prolifèreront, un peu partout.
Bénie soit cette période. Les jours s'allongent, les nuits se font moins fraîches, et les grillons font entendre leur douce mélodie, tandis qu'on sirote une boisson, en observant le ciel dénudé de tous ses anciens nuages, si pudiques. On pense d’avance à ces fêtes qui ne tarderont pas à fleurir sur notre agenda, à ces nuits blanches, ces nuits sans sommeil qui marquent fréquemment la fin d’une période pour le début d’une autre. Toutes ces fêtes nous feront adopter un décalage horaire, qui ne finira pas d’irriter nos parents. Couchés à point d’heure et levés après midi.
Ainsi, l’heure du bilan est arrivée ? Peut-être. Pour certains, c’est l’anniversaire. Pour moi, ce sera donc là, maintenant, alors qu’un parfum de vacances s’insinue dans l’atmosphère, provoque des somnolences, court-circuite les sens. Qu’aurai-je retenu de cette année ? Qu’il faut peut-être plus craindre ses amis que tout autre personne, car ce sont ceux qui sont les mieux placés pour frapper dans le dos.
Autre chose ? C’est dur à dire. Un certain recul serait à prendre pour pouvoir véritablement tirer un résumé de cette année, et ainsi, une morale. Cela ne tardera pas, sans doute. Et, ces personnes, ces camarades de classe, dont on reportait à chaque fois les discussions qui permettraient de mieux les connaître, en se disant qu’on avait le temps, après tout, qu’on aurait toute une année pour faire connaissance. Ces personnes qui nous sont encore inconnues, en un sens, dont on ne connaît que la surface, lisse, et seulement les creux, les trous, les bosses qu’ils ont bien voulu montrer de leur carapace. Chacune de ces personnes va partir de son côté. Au plus, des poignées de mains amicales se feront lorsqu’on se croisera, au détour d’un couloir. C’est dommage, en un sens. Elles avaient sûrement tant à montrer, tant à faire partager, chacun d’eux, d’elles, avec leur histoire, leur vécu, leurs leçons. Autre chose que j’ai comprise cette année. C’est que, peu importe l’attitude qu’on adopte, on ne fera jamais l’unanimité. Alors, en partant de là, autant vivre comme on le souhaite, et pas comme les autres le voudraient. Je me souviens de ce professeur d’anglais – étrange que toutes les choses que j’ai retenues de mes professeurs ne dépendent pas de leur matière d’origine – c’est que nous avons tous la même valeur, les mêmes pouvoirs. L’influence, le pouvoir, personne ne peut le prendre, ce sont les autres qui le donnent. Une personne ne naît pas laide, ni idiote, ni méchante. Mais elle le deviendra sous le regard des autres, lorsqu’on devra lui apposer une étiquette, pour pouvoir, de tout cet inconnu, poser des marques, des repères, qui nous aideront à mieux vivre notre intolérance.
- Celui-là semble tellement ennuyeux ! Pas la peine d’aller lui parler, je n’en tirerai rien. Et celle-là, comme elle paraît antipathique. Comment réagirait-on, si on me voyait avec elle ?
Finalement, la sagesse ne s’acquiert pas avec les années, mais avec les leçons qu’on tire de chaque expérience. Regarder droit devant soi, en pensant que seuls les autres peuvent avoir tort, ne sont qu’un moyen de plus pour ne pas voir ce qui est autour, et à quel point nos erreurs peuvent nous aider, et nous enseigner certaines vertus.
Voilà mon bilan. Du moins ce que j’en retiens. Mes rencontres avec des personnes passionnantes, mes expériences, ces choses que je n’osais jamais faire, ces limites que je n’osais jamais dépasser mais, qu’en franchissant, me permirent de mieux voir ce qu’il y avait derrière. Tout cela, qui a fait mon quotidien, qui continue, d’ailleurs, d’y participer. Et bien d’autres choses. Et avec l’heure du bilan, viennent les remerciements. Alors, sincèrement.
La colline est haute, la pente est ardue, mais que la vue du sommet est belle ! Les obstacles ne sont pas tous infranchissables.
L'heure du bilan a sonné et m'est avis que tu ne t'en es pas trop mal sorti. C'est peut etre toi la premiere personne qu'il faudrait remercier ici ;-)
La fin de ton article m'a fait penser à cette citation que j'aime beaucoup :
Il y a ceux qui voient le monde tel qu'il est et disent "pourquoi"
Et puis il y a ceux qui voient le monde tel qu'il pourrait être et disent "pourquoi pas"
(B.Shaw)
Nous sommes maîtres de notre destin. Encore faut il le vouloir.
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Ecrit par Grezel le Mardi 6 Mai 2003, 21:53
Je crois d'ailleurs que je n'ai pas fini de tirer des bilans et des conclusions de mes actes. Et j'aurai à peine adopté une attitude face à mon rythme de vie qu'un élément viendra me montrer que je suis dans l'erreur, et que je ne devrais pas agir ainsi. En somme, personne n'aura jamais raison, sur cette Terre. Il existe tellement de vérités différentes. C'est fou, c'est sûrement cela qui contraste le plus entre le monde enfant et le monde adulte :
Lorsqu'on est enfant, on croit que la Vérité existe, et que, accessoirement, nos parents la connaissent. On est alors très manichéen, et notre vision se limite, d'un côté, aux méchants, à ce qui est mal, et de l'autre aux gentils, à ce qui est bien. Il faudra peut-être attendre un âge, une maturité plus avancée pour comprendre que RIEN n'est simple, et qu'une multitude de réponses nous tend les bras pour chaque problème posé. Aucune n'est la bonne. Voilà, c'est ça grandir, c'est se rendre compte que quoi qu'il arrive, quoi que l'on fasse, on n'aura jamais raison. C'est douloureux, parfois.
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